Les ortigais ou anémones de mer
C'est mon mari qui descend à Sagone pêcher les ortigaïs dans un endroit connu de lui, dans une plage secrète bordée de roches rouges. La seule plage ombragée de Corse du fait de la colline abrupte qui la surplombe et masque un peu le soleil.ï
Fixées contre les rochers, les anémones de mer ou ‘’ortigaïes ‘’ ne sont aucunement des algues mais sont d'authentiques animaux marins. Elles ondulent leur chevelure urticante au gré des mouvements du ressac. Qu’il suffise de les toucher, elles se rétractent instantanément. Quelquefois un petit Gobi vient y trouver refuge en échange de quelque nettoyage.
Il se prépare, ajustant avec effort ses vieilles palmes en dentelles, fixe masque et tuba d’un vulgaire caoutchouc de chambre à air, enfile ses gants de vaisselle et se coule dans l’eau, une bouteille d’Orangina vide dans une main, son couteau dans l’autre.
A ce moment les regards des baigneurs s’interrogent, les quelques parisiens restent cois. Mais que va-t-il chercher, harnaché de la sorte avec sa bouteille et son couteau ? j’en surprends certaines à glousser discrètement.
Il disparait palmant nonchalamment dans l’eau couleur de jade….un vrai morceau de lagon.
La pêche, ou plutôt la cueillette en est facile dans une eau peu profonde. Il délaisse celles qui sont dans les fentes, recherchant sous les cailloux qu’il suffit de tourner. Protégé par les gants, à l’aide du couteau, quelquefois d’une fourchette, il décroche l’Ortigaï collée sur son rocher et la glisse alors dans la bouteille pour facilement la garder.
Quelques filaments arrachés viennent se plaquer contre la peau, Urticants à souhait ils laissent des traces rouges comme des coups de fouet……
Sortant de l'eau,titubant sur ses palmes, il est soumis de nouveau à un attroupement de regards. Que ramene-t-il ? Que peut-il bien y avoir dans cette bouteille ? Qu’est-ce donc que ce magma grisâtre si peu ragoutant ? Sans doute quelque pratique indigène ? une pêche réservée aux naturels du pays ?
Délesté de son matériel rustique, il s’installe sur son fauteuil, à l’abri du parasol, bourre alors sa bouffarde en écume de mer et se mets à pétuner devant l’appel du large.
Les vacanciers d’à côté restent muets ! interloqués !
Qui est donc ce distingué personnage qui fume une pipe de si grand prix?
Et moi de rire sous cape !
C'est alors qu'une amie se propose ''d'enlever le feu'' provoqué par les filaments urticants. Nous l'avons vue faire tourner son index à quelques 2 à 3 cm au dessus de la brûlure. En quelques 5 minutes mon mari a été soulagé. Ce moment réellement vécu, inexplicable, nous a renvoyé aux histoires de ''sorcieres'' qui, dans les villages, savaient enlever le feu, soulager les insolations et les fievres par simple imposition des mains.
Préparation : 20minutes
Cuisson : 10 minutes
ll faut laisser dégorger les ‘’ortigaïes’’ de leur sable, toute la nuit dans leur bouteille.
Puis les frotter sur la planche pour éliminer la bave et les rincer.
Il suffit de rouler les ‘’ortigaïes’’ une par une dans la farine et les plonger dans l’huile très chaude de la poêle. Il faut les retourner avec une fourchette pour qu’elles soient presque croustillantes et moelleuse à cœur sans en être baveuses.
EPILOGUE : un cuisinier, l’autre jour à la télé a présenté sur une assiette, une ‘’ortigaîe’’…je dis bien une… ! comme un plat digne d’un chef étoilé.
A l’heure de l’apéritif, en Kémia, j’en sers une pleine assiettée...c’est succulent à la limite du divin.
Date de dernière mise à jour : 22/09/2020
Commentaires
-
- 1. Marie Félicité PELLEGRINI Le 12/02/2020
Bonjour , je suis surprise d'avoir lu avec un grand intérêt cette
recette; elle change un peu de la mienne mais ce qui m'a
également intriguée, c'est l'intervention de la signadora.
Habitant moi même Sagone, j'aimerais bien la rencontrer
si cela vous est permis. Merci pour cette recette, et a bientôt
peut être. Félicia.
Ajouter un commentaire