Les champignons
Une cueillette de champignons à Lopigna
Par cet après-midi ensoleillé, avec mon voisin et ami nous sommes allés cueillir des champignons. Un sentier scabreux, nous a promenés, le regard affuté, plein d’espoir de cueillette, sous les frondaisons automnales du maquis qui dévale jusqu’au fleuve. Un geai braillard signale notre passage, sans doute dérangé dans sa ripaille d’arbouses écarlates dont le sinueux tapis rouge nous montre le chemin.
Le Cèpe se fait discret sous quelques feuilles jaunes, il se fait deviner avant de se faire voir. Sa bonhomme rotondité est toujours prometteuse d’effluves gustatives. Mais cette année le Cèpe se fait rare, le temps n’est pas propice, il faut arpenter avec patience. Quelques uns malgré tout, se pressent dans le panier comme une récompense pour nos efforts pédestres.
Les amanites nombreuses nous offrent leurs arrogantes corolles. Lascives, dangereuses séductrices, elles sont impitoyablement écrasées sous nos pieds.
Soudain, au détour de notre lente errance, sur un tapis d’humus, se dressent les Girolles. Un chatoiement de couleurs fauves éclaire le sous-bois. Elles se montrent, se laissent désirer, il faut les approcher. Les efforts méritants sont réels, se courber, se plier et quelquefois ramper le canif à la main, surtout lorsque goguenardes elles se protègent par un ruisseau fangeux, invisible, qui coule sous les herbes et les branches cassantes.
Mais les girolles sont généreuses lorsqu’elles se groupent sur l’humus noirâtre. C’est ainsi que le panier est rempli déjà prometteur d’une fricassée odorante.
Le hasard d’une cueillette heureuse se comble d’une poule de châtaigner découverte entre deux racines. D’un diamètre imposant, elle émerge ses follicules qu’il faut déraciner habilement pour ne pas qu’elle se déchire. Plus attirante par sa taille que par sa saveur, elle fera l’objet d’une sauce en marmite.
Ce soir les girolles sont plongées dans une poêlée roborative, fleurant bon le maquis se mêlant au persil et à l’ail discret. Quelques œufs prestement battus recouvrent le tout dans un voile de saveurs et d’arômes, pour une simple omelette.
Voilà ce que je peux offrir si tu passes par-là, une omelette rustique combien riche des saveurs des montagnes, dans la douce chaleur d’une flambée qui crépite.
Alors, dans la vieille maison habitée des âmes bienfaitrices tu seras entouré d’un halo d’amitié.
Date de dernière mise à jour : 12/03/2018
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